الثلاثاء، 11 ديسمبر 2012


12 LE RÉALISME ET LE NATURALISME


HISTOIRE LITTÉRAIRE 29
Né avec le romantisme, chez Balzac ou Stendhal, le réalisme ne se
développe vraiment que dans la seconde moitié du XIXe siècle,
avec Flaubert ou Maupassant, et se perpétue dans le naturalisme
fondé par Zola.
Réalisme et naturalisme dans l’histoire
Les romans réalistes portent la trace de leur époque, des révolutions
de 1848 (contexte de L’Éducation sentimentale de Flaubert,
du coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte (toile de fond de La
Fortune des Rougon de Zola), ou de la stabilité politique du second
Empire (1852-1870).
La seconde moitié du siècle constitue la véritable naissance du capitalisme
moderne: Zola étudie les grands magasins dans Au bonheur
des dames en 1883, la bourse dans L’Argent en 1891. C’est une époque
de mutations, sociales (constitution d’une véritable classe ouvrière)
et urbaines (dans le Paris du préfet Haussmann).
C’est enfin l’âge d’or du positivisme, qui fait de l’expérience scientifique
le socle de toute connaissance. Les écrivains travaillent sur les
découvertes de la médecine et de la psychologie,Maupassant sur la folie
(Le Horla, 1887), les frères Goncourt sur l’hystérie féminine (Germinie
Lacerteux, 1865), ou Zola sur les lois de l’hérédité, au fondement de
ses Rougon-Macquart (1871-1893), cycle romanesque sous-titré
Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire.
Les idées clés du réalisme et du naturalisme
Les principes de l’écriture réaliste s’élaborent chez Balzac qui
invente, avec La Comédie Humaine, le roman total, véritable « concurrence
à l’État-civil » (Avant-propos de 1842), et chez Stendhal qui
conçoit le roman comme « un miroir qui se promène sur une
grand-route » (Le Rouge et le Noir, 1830). Tous deux prétendent
représenter la réalité au plus près.
Le mot « réalisme » apparaît, d’abord de façon péjorative, pour
définir un nouveau courant pictural, constitué autour de Gustave
Courbet. Par la suite, Champfleury et Duranty le revendiquent
pour la littérature en prônant l’objectivité romanesque et sa vertu
didactique. Le réalisme n’a cependant qu’une importance limitée
comme courant littéraire: même Flaubert, son supposé chef de
file, ne se considérait pas comme réaliste.
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© Hatier
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En revanche, le naturalisme s’est bel et bien constitué comme
une école littéraire, autour des frères Goncourt et de Zola (Thérèse
Raquin, 1867, puis les Rougon Macquart à partir de 1871). Les écrits
théoriques de ce dernier, Le Roman expérimental (1880) et Les
Romanciers naturalistes (1881), servent de manifestes au naturalisme;
ils défendent un réalisme radicalisé par l’utilisation du modèle
scientifique. Ils provoquent toutefois des réticences, chez Maupassant
(comme en témoigne la préface de Pierre et Jean en 1887) ou
Huysmans (avec la préface de À rebours en 1903).
Les genres réalistes et naturalistes
Le roman est privilégié: on juge qu’il est le plus apte à représenter
le réel. Balzac, avec La Comédie Humaine, et Zola, avec Les Rougon-
Macquart, écrivent de grandes fresques familiales, sociales et historiques.
À la différence des romantiques avec le roman historique,
réalistes et naturalistes s’intéressent au présent et s’inspirent de la
vie réelle (Stendhal tire ainsi Le Rouge et le Noir d’un fait divers lu
dans un journal).
La description prend une importance capitale, car elle permet
d’inscrire le récit dans la réalité : elle multiplie les « petits faits
vrais » (Stendhal) et produit un effet de réel.
Enfin la focalisation permet des jeux complexes, entre narrateur
omniscient, image du démiurge qui crée tout un monde (Balzac),
et focalisation interne chère à Zola, qui permet au narrateur de s’effacer
derrière ses personnages.
Les thèmes réalistes et naturalistes
Le réalisme critique d’abord le romantisme, accusé d’éloigner de
la réalité (Flaubert, dans Madame Bovary,montre les ravages de l’illusion
romantique sur son héroïne). Au contraire, réalistes et naturalistes
s’intéressent à la réalité urbaine, politique et sociale. Les
personnages sont souvent ordinaires, que ce soit les bourgeois de
Flaubert ou les ouvriers de Zola;Maupassant raconte dans Une Vie
(1883) l’existence banale d’une femme ordinaire. Zola aborde, dans
Les Rougon-Macquart, la prostitution, l’alcoolisme, ou le crime.
C’est cette intrusion de la réalité dans l’oeuvre littéraire qui
explique pourquoi le réalisme a souvent été critiqué comme laid,
immoral et subversif: en 1857, un procès est même intenté à
Flaubert et à Madame Bovary, pour « outrage à la morale publique
et aux bonnes moeurs ».

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